Renouer avec l’identité littéraire française. LES RAISONS DE DÉVELOPPER DES CONCOURS D’ÉCRITURE DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES.

Publié le 3 juillet 2025 à 14:28

L’objectif pédagogique est de stimuler la créativité des élèves en les exposant à des œuvres significatives et en les encourageant à créer des œuvres artistiques et littéraires. Cela contribue à développer leur perception de leur propre compétence, ce qui renforce leur motivation.

L’acte d’écrire implique l’utilisation de compétences linguistiques et cognitives, y compris la maîtrise du vocabulaire, de la grammaire et de la sémantique. L’écriture favorise le développement de ces compétences linguistiques et textuelles, ce qui influe sur la capacité d’un individu à écrire et à communiquer de manière efficace.

De plus, l’écriture offre la possibilité de voir et d’interpréter le monde de manière subjective et objective, ouvrant ainsi la voie à la créativité. Cette capacité à symboliser le monde par le langage écrit est essentielle dans l’apprentissage et le développement de l’individu.

Lorsqu’il s’agit d’adolescents, il est important de les considérer comme des scripteurs compétents lors des séances d’écriture, car cela peut renforcer leur motivation. La lecture et l’écriture sont des outils qui permettent d’accéder à la symbolisation, un système de représentation essentiel tout au long de la vie.

Il est également important de tenir compte du contexte scolaire dans lequel les adolescents évoluent, car c’est souvent leur principal point de référence en matière d’écriture. Les stratégies adaptatives développées en milieu scolaire, telles que l’adaptation au changement et l’intégration de nouvelles connaissances, contribuent au développement psychologique de l’adolescent.

Ces stratégies, acquises à travers l’expérience scolaire, peuvent être réutilisées face à des défis importants dans la vie, suivant le modèle d’évaluation primaire et secondaire de Lazarus et Folkman (1984). Ainsi, les compétences développées en milieu scolaire peuvent avoir une portée plus large et être bénéfiques dans d’autres aspects de la vie de l’adolescent.

La mise en place d’un concours d’écriture avec une composante d’écriture expressive et littéraire peut contribuer au bien-être et à la réduction du harcèlement scolaire et de la violence de plusieurs manières :

« Les jeunes utilisent les arts à des fins de transformation afin de favoriser le développement de leur propre identité, à travers un processus de contestation et de vision de nouvelles valeurs » (Daiute, 2006 ; Porfilio et Gorlewski, 2012)

L’utilisation de l’écriture expressive et littéraire (l’art de la littérature) est un moyen pour les jeunes de partager leurs expériences, de réfléchir sur leurs émotions et de trouver des voies non violentes pour s’exprimer. Un concours d’écriture organisé par l’Éducation nationale dans chaque classe de seconde serait l’opportunité d’obtenir un outil puissant pour promouvoir l’esprit des Lumières français, la sensibilisation et la prévention du harcèlement, mais aussi d’avoir un état des lieux des lacunes dans la compréhension et l’écriture du français. Avec la mise en avant des meilleurs textes dans chaque établissement ; en peu de temps, l’école pourrait faire que la littérature occupe une place de choix dans l’identité culturelle de sa jeunesse, faire creuset commun dans la langue de Molière et la voir jouer un rôle central dans l’histoire intellectuelle mondiale.

Ce rôle que la France joua tant de fois :

L’âge d’or de la littérature : Le XVIIe siècle en France est souvent qualifié de « Grand Siècle » de la littérature, marqué par des développements majeurs dans le théâtre, la poésie, la philosophie et les essais.

Le Siècle des Lumières : Le XVIIIe siècle français, connu sous le nom de Siècle des Lumières, a vu l’épanouissement de la pensée philosophique et politique, avec des auteurs tels que Voltaire, Rousseau, Diderot et Montesquieu.

Romantisme et Réalisme : Le XIXe siècle a été marqué par le romantisme français, avec des écrivains tels que Victor Hugo, George Sand et Alfred de Musset. Plus tard, le réalisme a également prospéré en France, avec Balzac, Flaubert et Zola.

Influence internationale : De nombreux philosophes et écrivains français ont exercé une influence majeure sur la pensée et la littérature mondiale. Descartes (Mort en 1637. Révolutionne la pensée occidentale). Les œuvres de Molière (Mort en 1673. Le dramaturge le plus joué au monde), Montesquieu (Mort en 1748. Théorise la séparation des pouvoirs). Voltaire (Mort en 1778, roi des philosophes et de l’Europe). Victor Hugo (Mort en 1862. Les Misérables sont publiés dans le monde). Jules Verne (Mort en 1872. Le deuxième écrivain le plus traduit dans le monde. Il est l’un des quatre Français, avec Alexandre Dumas, René Goscinny et Hororé de Balzac, appartenant à ce club très fermé.) 

Mouvements artistiques et intellectuels : La France a joué un rôle central dans le développement de mouvements artistiques et intellectuels importants tels que le surréalisme, l’existentialisme et le structuralisme.

Prix Nobel de littérature : De nombreux auteurs français ont remporté le prix Nobel de littérature, confirmant leur importance dans le monde littéraire.

Institutions littéraires : La France abrite de prestigieuses institutions littéraires, telles que la cité internationale de la langue française (inaugurée le 30/10/2023) ou l’Académie française, qui promeut et protège la langue française et la littérature.

 En dehors de promouvoir la culture française (remettre Flaubert au centre de la page) et donc voir reculer son américanisation et son islamisation ou de faire de la jeunesse un bon républicain et le citoyen éclairé de demain, le but de ce concours serait triple :

Soutenir les compétences et la Culture en amenant à CRÉER. APPRENDRE grâce aux techniques de la création littéraire (style & scénario) et à des situations d’écriture et soutenir scolairement et professionnellement l’Instruction du français. SOIGNER grâce à l’écriture expressive et soutenir une jeunesse souffrante du harcèlement (1/10) et d’un mal-être (50 % des adolescents français souffrent : anxiété, dépression... [Ipsos 2022].)

Un concours qui devrait être libre dans ses thèmes ou bien les choisir dans l’esprit des Lumières de l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers quand la France grâce à sa diffusion, grâce à son statut de langue internationale (24 octobre 1648), transformait en profondeur toute la société occidentale ; ou dans ceux qui devraient unifier tel que l’acceptation des différences, l’abolition des préjugés, l’égalité entre l’homme et la femme avec pour horizon les valeurs de la République française : liberté, égalité, fraternité et laïcité.

Un concours en seconde pour unir toute une jeunesse dans le D.I.R.E. avec des textes proposants : Divertissement, Instruction, Réflexion et Émotion. Un concours sous égide de l’Éducation nationale, mais organisé librement par chaque établissement. Un concours avec une F.O.A.D sur la création littéraire éditoriale pour les professeurs dans un premier temps et pour chaque élève ensuite pour garantir l’égalité des chances.

Une obligation de mise en place qui pourrait commencer avec quelques dizaines d’élèves dans chaque CDI des lycées de France. Avec une incitation (une prime annuelle de 625 € de référent culturel, par classe) pour amener les professeurs de français à prendre à bras-le-corps ce projet d’écriture lycéenne et conduire des centaines d’élèves participants dans chaque établissement.

Avec en point d’orgue la sélection de 4 textes par classe (30 élèves) pour l’édition dans un recueil et une cérémonie de remise de prix.

Avec l’ensemble financier du dispositif prélevé sur le montant alloué des E.A.C du Pass Culture, dans sa part collective, cela n’occasionnerait aucune charge supplémentaire.

Le Pass Culture collectif, dans sa conception actuelle, est en effet une initiative singulièrement française, à bien des égards, et qui semble idéal pour l’écrin de ce projet d’écriture. Il n’est pas une simple carte de réduction ou un chèque-cadeau culturel : c’est un instrument d’éducation artistique et culturelle (EAC) soutenu par l’État, pensé pour irriguer l’ensemble du territoire et toucher les jeunes en milieu scolaire via leurs établissements. Il est :

  1. Un projet porté par l’État avec une vision éducative forte.

La France a fait le choix de ne pas s’en tenir à une logique marchande ou consumériste de la culture, mais d’en faire un vecteur d’émancipation, d’ouverture et de lien social. Le volet collectif du Pass Culture permet aux enseignants de proposer des activités artistiques et culturelles financées par l’État, en lien avec les acteurs culturels locaux. Cette articulation entre politique éducative et politique culturelle est rare à l’échelle internationale.

  1. Une architecture numérique et territoriale originale.

Le Pass Culture s’appuie sur une plateforme numérique centralisée, tout en intégrant une logique décentralisée via les DRAC (Directions régionales des affaires culturelles) et les collectivités. Ce mariage entre numérique et territoire, entre centralisme républicain et action de terrain, est une alchimie assez typique du modèle français.

  1. Un financement public massif.

Le budget consacré au Pass Culture, tous volets confondus, est significatif. Peu de pays investissent de manière aussi structurée dans la médiation culturelle auprès de la jeunesse, surtout dans un cadre scolaire.

  1. Une ambition universaliste.

L’objectif affiché est de permettre à tous les jeunes, quel que soit leur milieu d’origine, d’avoir accès à une diversité d’expressions culturelles. Ce souci d’égalité des chances culturelles, inscrit dans le sillage de la tradition républicaine française, renforce l’originalité du dispositif.

  1. La possibilité du duo professeur et écrivain (conseiller littéraire).

Pour soulager les professeurs et faire de ce prix, passerelle entre amateurs et professionnels, un dispositif qui répond aux critères des EAC (Éducation Artistique et Culturelle), dont l’un des piliers est la rencontre avec un artiste, il faut penser au duo professeur et écrivain. Ce passage de flambeau, à la lumière de l’expérience, sera profitable pour toutes les parties : pour les jeunes, les professeurs, mais aussi les écrivains, trop délaissés par notre société. Pensez aux écrivains qui, dans l’encrier de leur vie, puisent dans leur sang, sans argent, pour nourrir leur plume. Pour eux, qui s’ouvrent les veines pour que saignent les lignes, ces EAC seraient une transfusion. Ainsi, les ponts bâtis entre les arts et l’enseignement seraient durables, chaque élève ayant senti battre le cœur de la littérature vivante. Redonnons de l’étoffe au tissu littéraire des villes.

 

Note. Pour rappel, l’étude des nouvelles réalistes figure au programme scolaire. Quoi de mieux, alors, que d’amener les élèves à en écrire. En favorisant une réappropriation de l’écrit à travers les écrits de travail, les professeurs de français pourraient donner sur leur temps de travail une douzaine d’heures sur le projet.

POURQUOI L’IMPORTANCE D’ÉCRIRE POUR PENSER ET PANSER SON ÊTRE ?

Car la langue est ce pont composé de mots que traverse notre singularité animale pour se redresser en se civilisant à l’universel laissé par ceux qui nous ont précédés ; cette forêt des écrits où chacun est un fruit nourrissant la pensée.

Nous sommes ce que nous pensons.

Je pense donc je suis

Nous pansons avec des mots

La douleur muette de nos maux

Nous canalisons la colère

En l’exprimant à la pleine lumière

D’une page blanche par l’encre noircie

Nous sommes le résultat d’une addition

Celle de notre instruction et de notre éducation.

Quand on écrit, « on naît... crie » et on écrit ce que l’on est. Écrire, dans sa forme évoluée, raconte un récit, partage une réflexion ou une émotion.

Écrire met en mot sa pensée. La pensée s’invite dans les mots, s’installe dans les aphorismes, grandit dans les paragraphes et vit dans les pages.

Sans mots, pas de pensées.

Nous pensons ce que nous sommes.

Lire les textes d’écrivains et écrivaines (classiques et contemporains) représentatifs de la culture d’un pays, ce n’est pas juste se divertir, s’éduquer ou s’instruire, c’est le temps d’une lecture assimiler une pensée.

De ce fait, plus on lit d’auteurs et d’autrices d’un pays, plus on écrit dans sa langue et plus on s’assimile à celui-ci. Notre pensée imprégnée devient paysage de ce pays, l’un de ses visages et efface ou conforte nos traits familiaux (croyance, histoire et valeurs).

Cette culture générale, cet ensemble de connaissances culturelles, sans domaine de spécialisation précis est le chemin, le lien avec l’esprit, la mentalité, la pensée du pays et son génie. Peu à peu, cette lente assimilation ou intégration culturelle, dessine dans notre tête une carte mentale, érige des caractéristiques fondamentales du pays et dirige inconsciemment nos pensées, vers des directions, des orientations de vie.

Quelles sont-elles pour la France ? Pour les tracer dans les grandes lignes, il suffit d’écouter ce qu’en pensent les étrangers de ces repères laissés dans l’Histoire par tous ceux et celles qui nous ont précédés et qui ont fait la France : (scientifiques, découvreurs, musiciens, architectes, auteurs, inventeurs...).

Le français est élégant, sophistiqué, cultivé, littéraire, romantique, curieux, rebelle.

Ce sont de rois (François Ier. Mécène des arts et des lettres et promoteur du français comme langue administrative. Louis XIV, bâtisseur de Versailles qui soutint Molière, Racine, Corneille, La Fontaine, Boileau et qui fit de la langue française un instrument de grandeur et qui appuya l’Académie française, garante de la langue, fondée par Richelieu, mais renforcée sous son règne).

C’est une devise : liberté, égalité et fraternité. C’est un droit : les droits de l’homme et du citoyen ; enfin une date : 1789.

            Plus la jeunesse française lit et écrit en français, plus sa violence, inhérente à la nature humaine, s’humanisera, car la violence n’est jamais dans l’histoire de France un but, tout juste une étape et elle n’est jamais glorifiée.

L’écriture fige la pensée et libère la nôtre.

La lecture nous nourrit, l’écriture nous remplit.

Chaque livre est une des pages du livre-monde, une pensée, pour nous panser et se penser.

Aussi, un concours d’écriture de l’éducation nationale pour les jeunes avec la lecture de textes de grands écrivains et écrivaines français pour nourrir leur esprit, avec l’écriture expressive pour se panser et avec une formation sur la création littéraire (pour en comprendre tous les principes et égaliser les chances) permettrait :

 La stimulation de la réflexion, l’encouragement à l’expression des émotions, la valorisation de l’éducation, la promotion du dialogue et de la compréhension, le développement de la pensée critique, la sensibilisation à l’importance de l’identité individuelle et la facilitation de l’assimilation.

Car, l’écriture littéraire, c’est encourager les individus à réfléchir par eux-mêmes et contribuer à la prévention de la radicalité, qui souvent découle de la conformité aveugle à des idéologies extrémistes. Et l’écriture expressive, c’est encourager l’expression des émotions de manière constructive et contribuer à prévenir la radicalité en offrant une voie d’expression alternative à la violence.

 

Conclusion

Dire que la France est née d’un acte littéraire, c’est affirmer que son identité, son imaginaire collectif, et même sa légitimité politique, se sont tissés dans le verbe, dans l’écrit, dans la puissance évocatrice des mots. En voici les preuves

  1. La Chanson de Roland : acte fondateur d’un imaginaire national

L’un des textes les plus anciens de la littérature française, la Chanson de Roland, composée au XIᵉ siècle, pose les bases d’un mythe chevaleresque qui glorifie la bravoure, la fidélité, et la foi. Certes, il ne s’agit pas encore de la « France » telle que nous la concevons, mais ce poème épique offre un récit collectif à une communauté en gestation. L’écriture donne ici naissance à un sentiment d’appartenance et à un idéal partagé.

  1. Le roman comme genèse d’une langue unificatrice

Au XIIᵉ et XIIIᵉ siècles, la littérature en langue romane – le « français » naissant – participe à forger une culture distincte de celle du latin ecclésiastique ou des dialectes locaux. Les Chroniques, les romans courtois, les écrits des trouvères et des troubadours tracent les contours d’une conscience linguistique et culturelle propre. Ainsi, l’idée de France commence à se dire dans une langue littéraire.

  1. Les écrivains, artisans de la nation

De Rabelais à Voltaire, de Hugo à Zola, les écrivains n’ont cessé de penser, rêver, critiquer et reconstruire la France. Victor Hugo, dans Les Misérables comme dans Discours sur la misère, fait œuvre politique par la littérature. L’affaire Dreyfus, par la plume de Zola et son célèbre J’Accuse…!, montre comment une nation peut se redéfinir à travers une prise de parole littéraire. Dans ces moments décisifs, le mot devient acte, et l’écrivain devient citoyen fondateur.

  1. La Révolution française : un événement de papier

Avant de faire tomber les têtes, la Révolution fit couler l’encre. Les Cahiers de doléances, les Déclarations, les Pamphlets, les Discours des clubs révolutionnaires sont autant de manifestations scripturaires d’un peuple qui prend conscience de lui-même par l’acte d’écriture. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, texte littéraire autant que juridique, acte solennel et poétique à la fois, incarne cette naissance d’un ordre nouveau par la plume.

  1. La France, patrie des idées

Enfin, la France s’est voulue non seulement une terre mais une idée. Une idée qui se pense, se discute, se critique, se rêve. Diderot, Rousseau, Sartre ou Camus ont tous contribué à cette vocation littéraire de la France : être le lieu où l’on débat du juste, du beau, de l’universel. Ce n’est pas un hasard si l’on parle de « Lettres françaises » comme d’une mission culturelle : la France est peut-être née dans le sang, mais elle a toujours cru renaître dans l’encre.

 

Affirmer que la France est née d’un acte littéraire, c’est reconnaître que son essence ne réside pas seulement dans ses frontières — scellées dans la terre de la géographie ou le marbre du droit — mais dans son récit. Elle est ce pays qui s’écrit autant qu’il s’habite. Une fiction collective transmuée en réalité politique par l’encre du verbe. Une parole devenue peuple. Une idée devenue nation.

Faire de toute notre jeunesse des héros littéraires, c’est lui confier la plume — son héritage — pour qu’elle renoue avec ses lettres de noblesse.

La plume en héritage, pour l’avenir en partage.